Mauvaises pratiques


Le maintien de l’équilibre écologique qui nous permet de vivre dans des montagnes avec de la neige en hiver, des glaciers en altitude et encore un peu de faune sauvage, implique des comportements responsables et non une commercialisation destructrice.

Les comportements destructeurs sont constants et répétitifs.

Foule en montange

Kandahar : 50 000 personnes avec leurs véhicules, sans compter les hélicoptères.

Le tourisme de masse et le suréquipement transforment la montagne en aire de jeu surpeuplée.

L’enneigement artificiel par hélicoptère, mais aussi par canons à neige, contribue au réchauffement.

Les pelleteuses sur le glacier du Pitztal utilisées pour étendre le domaine skiable (ailleurs, ce sont les bulldozers pour remanier les pistes), crachent des particules fines et du CO2

Le ballet des ratracks la nuit a lieu à raison de 25 litres de fioul à l’heure. Combien de particules fines et de CO2 rejetés chaque nuit en montagne ?

UTMB : Vente de rêve à 790 000 visiteurs durant les trois jours de la course, avec des dizaines de milliers de véhicules, des hélicoptères, qui sillonnent la vallée en tous sens.

L’urbaniste Laurent Chapis invente “la grenouillère”, ou front de neige, où tout converge, à l’image du front de mer sur le littoral. Ci-contre la grenouillère de Val d’Isère.

Hélitourisme : ni dépose de personnes en altitude, ni transport de marchandise, ni secours en montagne, juste une ballade bruyante et polluante.


Toujours plus

Les mauvaises pratiques ont toujours la même cause : l’excès, le « toujours plus », et pour cela il faut une débauche technologique, du gigantisme ! Pourquoi veut-on toujours plus de tourisme, toujours plus d’équipements, toujours plus de « parcs de loisirs » (l’expression est celle de la Compagnie des Alpes). Je vous laisse deviner… En tous les cas, ce n’est pas pour préserver la neige et les glaciers de nos montagnes, ni pour profiter de l’ambiance nature.

Quelques centaines de skieurs qui randonnent dans un massif ne font pas de dégâts. Des dizaines de milliers de skieurs qui raclent de la neige à canon, et tout bascule : le paysage est ruiné, la quiétude finie, la faune chassée, les équilibres bouleversés. C’est pour cette masse humaine qu’œuvrent les bulldozers, les ratracks, les canons à neige, les remontées géantes et que l’on construit des immeubles massifs et énergivores. La destruction de l’environnement naturel en montagne est lié au gigantisme et à la massification.

Ski à Ischgl

Autre problème, le développement en montagne d’un tourisme de type ski-bars, boîtes de nuit et parcs d’attractions qui pourrait se faire ailleurs. La Compagnie des Alpes considère qu’elle gère des « parcs de loisirs ». L’exemple caricatural de ce type de station est celle de Ischgl en Autriche, mise en lumière comme épicentre de diffusion de la Covid-19, qui draine une riche clientèle internationale qui vient pour les distractions nocturnes.

Pourquoi cette transformation de la montagne ? Pour des intérêts financiers importants ramifiés : ceux des promoteurs immobiliers, ceux des communes, ceux des professionnels du tourisme et ceux des propriétaires locaux. Les liens entre le personnel politique et les intérêts du tourisme sont tels, qu’une inflexion vers un tourisme plus limité et respectueux de l’environnement est difficile.

Les projets d’urbanisation massive de la montagne ne tombent pas du ciel. Ils ont commencé dans les années 1960. En France, outre Maurice Michaud, doctrinaire du « plan neige », on remarque le promoteur Pierre Schnebelen qui a une double obsession : construire un maximum de lits et développer des domaines géants capables d’offrir du ski toute l’année. « Il faut faire vite et grand », déclarait-il.

Depuis leurs lancements au milieu du XXe siècle, l’urbanisation de la montagne et l’extension des domaines skiables se sont sans cesse poursuivis.

Coup de théâtre imprévu : l’épidémie de Covid-19 qui, par force, va limiter un peu le développement touristique et les dégâts environnementaux.

Deux visions de la montagne illustrées par Jacky Ravanel