La politique alpine européenne

Les Alpes s’étendent sur sept pays européens. La Stratégie de l’Union européenne pour la région alpine permet de rassembler l’ensemble des actions communes existantes dans un cadre unique. En France, une réglementation protectrice du Mont-Blanc a paru nécessaire.

La région alpine en Europe

JUIGNET Patrick. La politique alpine européenne. In : Le Pays de neige. 2020. URL : https://paysdeneige.fr/penser-ski-neige-montagne/les-alpes-en-europe/


Une géographie commune

Les Alpes s’étendent sur la France, l’Autriche, l’Allemagne, l’Italie, la Slovénie, la Suisse et le Liechtenstein. Ces sept pays européens ont des points communs par rapport à cette caractéristique géographique particulière et ils ont donc tout intérêt à coopérer et à se coordonner.

L’ensemble comporte 48 régions qui, sur les plans des transports, économie, emploi, agriculture, tourisme, démographie et développement urbain, ont les mêmes problèmes, car ils sont conditionnés par le climat et le relief de montagne. Les régions de géographique alpine ont des contraintes qui sont indépendantes des frontières politico-administratives.

La stratégie européenne alpine

La Stratégie de l’Union européenne pour la région alpine (SUERA) permet de rassembler l’ensemble des coopérations existantes dans un cadre unique. Les 48 régions concernées se sont réparti le travail au sein de plusieurs groupes. Le groupe intitulé « Accroître le potentiel économique des secteurs stratégiques » est co-piloté par la Région Auvergne-Rhône-Alpes et le Land de Bade-Wurtemberg. Il explore les développements possibles dans le tourisme de la santé, le bois, la bioéconomie et l’industrie numérique.

L’objectif de ce rassemblement est de faire émerger des projets concrets dans les territoires en s’appuyant sur les crédits dédiés au programme de l’Espace alpin européen.

Le rôle de la France

Avec plus de 20% de la surface alpine sur son territoire, la France est naturellement au cœur de la stratégie pour les Alpes en Europe.

Le projet de la présidence française en cours se répartit selon sept thèmes :

  • Participation : associer les acteurs de la région alpine
  • Préfiguration : pour une politique de cohésion ambitieuse
  • Cohésion : intégrer tous les types de territoires et encourager les coopérations entres vallées et montagnes
  • Jeunesse : développer la participation des jeunes aux actions de la SUERA en les y associant
  • Pragmatisme : conforter les synergies existantes et assurer la continuité
  • Concret : orienter les travaux de la SUERA pour des actions et des résultats tangibles
  • Valorisation : pour mettre en avant les différents travaux et les nombreuses initiatives autour de ce projet de coopération européen.

Une zone de protection autour du Mont-Blanc

La SUERA, Stratégie de l’Union Européenne pour la Région Alpine (représentants de 7 pays et de 48 régions de l’arc alpin), dont la présidence est assurée cette année par la France, a organisé les 30 septembre et 1er octobre 2020 à Chamonix une conférence sur le thème « Climat, risques, énergies ».

Bérangère Abba, secrétaire d’État auprès de la ministre de la Transition écologique, chargée de la Biodiversité a été accueillie le jeudi 1er octobre 2020 à Chamonix-Mont-Blanc. À l’issue de cette visite, l’arrêté portant sur la création d’une zone de protection « Habitats naturels du Mont-Blanc – Site d’exception » a été signé en préfecture de Haute-Savoie à Annecy.

Cet arrêté comporte :
– Des dispositions visant à réguler la fréquentation de la voie normale du Mont Blanc et interdire les pratiques irrespectueuses du site et de son environnement.
– L’Inscription de l’alpinisme au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO
– Diverses mesures utiles pour réguler certaines situations pouvant nuire au patrimoine naturel et culturel et à la sécurité des pratiquants.

Il intègre les associations en charge de la prévention et de la sécurité en montagne au comité de suivi « Mont-Blanc – Site d’exception ».

La contradiction entre liberté et réglementation

Avec les diverses mesures réglementaires prises dans le cadre cité au-dessus, une fois de plus, on se retrouve confronté à la contradiction entre liberté et réglementation. C’est une question philosophique à incidence pratique immédiate.

Le Conseil municipal de Chamonix du 26 août 2020 a évoqué la nécessité de concilier les valeurs fondamentales attachées à la montagne que sont la liberté et la responsabilité et que ne soient pas remis en cause des principes et techniques de la pratique de l’alpinisme.

S’il y avait une responsabilité effective de tous, il n’y aurait pas, ou très peu, besoin de réglementer. Mais la responsabilité demande une attitude morale de respect, associée à une expérience de la montagne et de l’écologie. Si certains ont l’une et l’autre, d’autres ne les ont pas.

Les premiers seront pénalisé par une réglementation contraignante, mais les seconds, sans réglementation, occasionneront des dégâts qui deviennent insupportables lorsqu’ils sont multipliés par une fréquentation de masse. L’équilibre entre liberté et réglementation est difficile à trouver.

Autres enjeux

La région alpine est confronté à divers problèmes qu’une coopération pourrait permettre de résoudre plus facilement. On peut citer :
• les changements climatiques et leurs effets sur l’environnement, la biodiversité et les conditions de vie des habitants ;
• le vieillissement de la population et les phénomènes migratoires ;
• la mondialisation qui confronte le territoire à la compétition internationale ;
• le pression touristique et ses fluctuations.

Une meilleure coopération entre les Régions et les États serait utile face à ces problèmes, pour mettre en œuvre des projets efficaces à l’échelle transrégionale et transnationale.


Webographie :

Renseignements : https://www.europe-en-auvergnerhonealpes.eu/programmes/suera-la-strategie-de-lue-pour-la-region-alpine

Brochure SUERA de la présidence française : https://www.europe-en-auvergnerhonealpes.eu/sites/default/files/2020-02/Brochure%20SUERA%20Presidence%20francaise_BD_FR.pdf

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