Le mal aigu des montagnes (MAM)

Le mal aigu des montagnes (MAM) est la plus connue des pathologies dues à l’altitude. Nous les exposerons de la moins grave à la plus grave, car elles surviennent souvent successivement, ce qui permet d’anticiper leur survenue. Ce sont : les œdèmes localisés, le mal aigu des montagnes, l’œdème pulmonaire et enfin l’œdème cérébral.


JUIGNET Patrick. Le mal aigu des montagnes. In : Le Pays de neige. 30/05/2020. URL : https://paysdeneige.fr/ le-mal-aigu-des-montagnes-mam


Cheminement à 3900 m

Les circonstances

L’altitude provoque des troubles physiologiques. Ils surviennent en général au dessus de 2500 m ou de 3000 m selon les personnes, après quelques heures (5 à 6 heures). Ils sont dus à la baisse de la pression partielle de l’oxygène dans l’air inspiré.

Ces troubles sont favorisés par une arrivée trop rapide en altitude, par une activité physique intense occasionnant une fatigue, et par la constitution de certaines personnes, sans que l’on sache dire pourquoi. Le froid et le stress sont des facteurs aggravants.

Les troubles apparaissent au cours des quatre premiers jours suivant l’arrivée en altitude. Il est rare, mais pas impossible, d’observer des troubles après le dixième jour, car l’acclimatation s’est produite à ce moment.

Les symptômes réapparaissent en général, chez une même personne, pour la même altitude. C’est en particulier le cas de l’œdème pulmonaire. Mais, ils surviennent aussi inopinément chez des personnes jusque là indemnes.

Les œdèmes localisés

L’altitude provoque des œdèmes localisés dits « œdèmes localisés dus à la haute altitude ». Ils touchent la face, les mains ou les chevilles. Ces œdèmes sont sans gravité et régressent spontanément. Ils sont dus à la rétention hydrosodée et à des anomalies de la perméabilité vasculaire.

Ces œdèmes constituent un avertissement et doivent faire surveiller l’apparition d’un mal des montagnes. Ils peuvent disparaître spontanément et ne constituent pas un motif de redescente.

Le mal aigu des montagnes ou MAM

Ce syndrome associe des symptômes cérébraux, digestifs, cardiaques et pulmonaires.

 » Le cerveau est l’organe le plus sensible à l’hypoxie et c’est le premier à présenter des signes de souffrance à haute altitude. » (Coudert Jean)

Le premier signe d’alerte, qui est aussi le plus fréquent, est constitué par les céphalées. Elles sont d’intensité variable, associées à une fatigue, un ralentissement intellectuel, une sensation d’évoluer dans du coton. On trouve également des sensations vertigineuses ou des vertiges, des bourdonnements d’oreilles, des troubles visuels.

L’aggravation mène vers la confusion mentale : désorientation temporo-spatiale, trouble du jugement et de l’humeur (euphorie). Il faut évidemment absolument éviter d’en arriver là.

On trouve aussi une dyspnée (difficulté à respirer ) qui survient en dehors d’un effort et en particulier au repos ou pendant le sommeil. Sur le plan cardiaque, on note une tachycardie, des extrasystoles

La perte d’appétit est typique et peut aller jusqu’à l’anorexie, avec parfois des nausées et des vomissements.

La conduite à tenir est simple : il faut éviter l’aggravation. Lors de la survenue des symptômes, la première précaution est d’arrêter de monter et de réduire son effort jusqu’à ce que les symptômes disparaissent. S’ils persistent, ou sont intenses dès le début ou augmentent, il faut descendre (400 à 500 m suffisent).

Note : Le médecin peut prescrire de l’acétazolamide, qui sera pris la nuit précédant l’ascension, pour réduire le risque de mal des montagnes ou utiliser la dexaméthazone.

L’œdème aigu du poumon de haute
altitude

Il fait habituellement suite à un tableau de mal aigu des montagnes, mais peut se manifester directement (y compris chez des personnes acclimatées). L’œdème pulmonaire survient en général la nuit, toujours après un délai d’au moins six heures après l’arrivée à haute altitude.

Il se manifeste par une dyspnée progressive et une toux qui, d’abord sèche, s’accompagne ensuite d’expectorations mousseuses, parfois sanglantes. La cyanose (une coloration bleue de la peau et des lèvres) est toujours présente et importante au niveau de la face et des extrémités. Le pouls est rapide.

La conduite à tenir est la même que pour le MAM, c’est le repos et la redescente à un niveau inférieur. Dans les formes sévères, le médecin présent utilisera des médicaments (voir Note) et s’il en dispose, d’un sac hyperbare.

Note : La nifédipine 30 mg par voie orale à libération lente toutes les 12 h abaisse la pression artérielle pulmonaire et elle est bénéfique, même si une hypotension systémique est une complication possible. Un inhibiteur de phosphodiestérase, tels que le sildénafil (50 mg par voie orale toutes les 12 h) ou le tadalafil (10 mg par voie orale toutes les 12 h) peut être utilisé au lieu de la nifédipine. L’utilisation de diurétiques est actuellement contestée. Le cœur est normal dans l’œdème pulmonaire de haute altitude et l’administration de digoxine ou d’ inhibiteurs de l’acétylcholinestérase est sans intérêt. La descente permet la guérison de l’œdème pulmonaire en 24 à 48 h mais l’effort doit être évité au cours de la descente. Le patient qui a eu un épisode d’œdème pulmonaire de haute altitude est très exposé à une récidive et doit donc en être averti.

L’œdème cérébral de haute altitude

Les céphalées deviennent intenses, surtout le matin, au cours d’exercices et des mouvements de la tête avec parfois des vomissements en jet. On note des troubles de l’équilibre et visuels. La confusion mentale s’installe. À ce stade, il faut absolument éviter l’aggravation et redescendre.

L’aggravation qui peut se produire en quelques heures aboutit à un coma accompagné de troubles neurovégétatifs qui conduisent au décès.

Conduite à tenir : le traitement immédiat fait par le médecin repose sur la perfusion de solutés hyperosmotiques (mannitol à 20 %, par exemple), l’utilisation des corticoïdes et de diurétiques (voir Note). Si on en dispose, on utilise un sac hyperbare pour gagner du temps ou de l’oxygène. La redescente du patient en basse altitude doit être entreprise au plus tôt et elle produit une rémission de l’œdème cérébral sans séquelles.

Note : La dexaméthasone 8 mg au début puis 4 mg toutes les 6 h, peut être efficace. Elle doit être administrée par voie orale, mais, si cela est impossible, elle peut être administrée en IM ou IV. De l’acétazolamide 250 mg par voie orale 2 fois/jour peut être ajouté. En fonction de la gravité de la maladie, le traitement de l’œdème cérébral de haute altitude peut durer de plusieurs heures à plusieurs semaines.

Conclusion

Dans l’ensemble, le traitement repose sur la prévention par l’acclimatation et en évitant l’aggravation des troubles lorsqu’ils sont apparus. La survenue d’un MAM persistant doit conduire à ne pas poursuivre en haute altitude afin d’éviter les syndromes plus graves.

À titre préventif, on admet que au-dessus de 3 000 mètres, il convient de monter de 300 à 500 mètres par jour, et d’avoir un jour de repos (sommeil à la même altitude) toutes les 3 ou 4 nuits.

Il y a une restriction à l’acclimatation, car personne ne peut s’habituer parfaitement à séjourner à plus de 5000 m.

Webographie :

LUKS, Andrew M. Maladie d’altitude. Le manuels MSD. 2019. Disponible à l’adresse : https://www.msdmanuals.com/fr/professional/blessures-empoisonnement/maladie-d-altitude/maladie-d-altitude

Bibliographie
Coudert J., Les œdèmes de haute altitude, In : Réanimation, Elsevier, 2001. Disponible en ligne : https://www.srlf.org/wp-content/uploads/2015/11/0101-Reanimation-Vol10-N1-p103_111.pdf