Technique ski – L’angle entre la jambe et le ski

L’angle entre la jambe et le ski détermine la position de base du skieur et joue un rôle fondamental dans la conduite du ski. Le skieur ne décide pas de cet angle, il est fixé par le matériel. C’est l’ensemble chaussure + fixation qui place la jambe et la maintient dans un angle donné par rapport au ski. Il est donc important d’évaluer cet angle lorsqu’on choisi son matériel.

Angles contribuant à l’inclinaison de la jambe
© Le Pays de neige

JUIGNET Patrick. L’angle entre la jambe et le ski. In : Le Pays de neige. 2020. URL : https://paysdeneige.fr/formation-nivologie-ski/langle-entre-la-jambe-et-le-ski/


Une bonne position de base à ski

Indispensable d’avoir une bonne position de base lorsque l’on skie ! Cette position place le centre de gravité du skieur à peu près à la verticale du centre de pivotement du ski (avec des variantes) et met en flexion les chevilles, les genoux et les hanches pour permettre les mouvements propres au ski.

La position de base est conditionnée par l’angle entre la jambe et le ski. Si cet angle est adapté, tout va bien, pas de question à se poser. Mais ce n’est pas toujours le cas. Les effets combinés de la fixation avec la chaussure peuvent donner un angle insuffisant ou au contraire excessif.

  • Un manque d’inclinaison de la jambe donne une position trop en arrière qu’il faut compenser par une flexion du buste excessive ou une position dite « à cul » par flexion des genoux. De plus, cette insuffisance occasionne une diminution de la force pour les appuis du tibia sur la languette.
  • Une d’inclinaison excessive donne une position de base trop en avant qu’il faut compenser par une extension du buste. Problème complémentaire éventuel, si la flexion de la cheville est trop importante, elle ne peut plus jouer et reste figée.

D’où vient cette inclinaison ? La chaussure et la fixation jouent simultanément pour placer la jambe dans un angle précis par rapport au ski. Cet angle vient de l’addition de l’angle delta de la fixation (voir l’article : L’angle entre le pied et le ski ) et de l’angle imposé par le collier de la chaussure. L’addition des deux donne à la jambe son inclinaison.

Cette inclinaison est fixe et déterminée par le matériel. Une fois la chaussure serrée, on ne peut la modifier par une action musculaire. Il est donc indispensable qu’elle permette une bonne position de base et soit adaptée au skieur, au modèle de ski et au type de pratique.

Position de base en pente moyenne
© Le Pays de neige

Détaillons les facteurs intervenant dans l’angle d’inclinaison de la jambe.

Le combinaison fixation-chaussure de ski

L’angle donné par la chaussure

Une fois le collier fixé en position descente, il présente un angle par rapport au sabot de la chaussure et maintient en permanence la jambe dans cette position. Le ski est ainsi solidarisé à la jambe dans une position donnée et fixe.

Les inclinaisons données par le collier les plus courantes vont de 9° à 20°. On comprend aisément que pour un ski donné le résultat ne sera pas le même.

L’angle donné au pied par la chaussure joue peu dans l’inclinaison de la jambe. Il vient de la coque/semelle externe + semelle interne. L’angle donné par la coque et la semelle externe joue un rôle, mais étant très faible, il est négligeable.

L’angle donné par la semelle interne peut être important (3° à 5°), mais il modifie uniquement la flexion de la cheville et pas l’inclinaison globale de la jambe. Par exemple, si on a un un angle collier/sabot de 13° et si la semelle interne de la chaussure incline le pied de 3°, la flexion de cheville sera diminuée de 3°, mais la jambe restera à 13° (car l’angle collier/sabot n’est pas modifié).

L’angle Delta donné par la fixation

L’angle delta vient de la différence de hauteur entre la butée et la talonnière. Plutôt que l’angle, pour simplifier, on mesure souvent la différence de hauteur entre l’avant et le talon de la chaussure, nommée aussi le « delta ». Les deltas sont de 0 mm à 15 mm suivant les fixations.

Si on traduit ces différences de hauteurs en angle, pour une distance butée/talonnière moyenne de 30 cm, on trouve :
5 mm qui correspondent à 0,9 °
10 mm qui correspondent à 1,9 °
15 mm qui correspondent à 2,8 °

Cet angle se retrouve intégralement reporté dans l’inclinaison de la jambe par rapport à la verticale du ski.

L’addition des deux angles

Le collier fixé en position descente a un angle par rapport au sabot de la chaussure et si le sabot est incliné par la fixation, les deux angles s’ajoutent. Reprenons l’exemple précédent en négligeant l’angle donné par les semelles.

  • Si on a un un angle collier/sabot de 13° et un angle delta de 2°, l’inclinaison de la jambe sera de 15°. On a une combinaison pour une position bien fléchie.
  • Si l’angle delta fait 0° et l’angle collier/sabot 10 °, la jambe sera inclinée à 10° par rapport à la verticale du ski. On a combinaison qui aboutit à une position peu fléchie.

Notons qu’il est difficile de connaître précisément les angles, car les fabricants ne les donnent pas toujours et lorsqu’ils les donnent la méthode de mesure n’est pas indiquée et on ne sait pas si elle est la même d’une marque à l’autre. C’est donc approximatif.

En moyenne, le collier des chaussures de randonnée permet une inclinaison de 11 à 18°. Les fixations de rando peuvent ajouter 0° à 3° d’inclinaison supplémentaire (angle delta).

Inclinaison de la jambe par rapport au ski
© Le Pays de neige

Comment bien choisir son matos ?

Se renseigner

Il faut se renseigner sur ces angles avant d’acheter du matériel, pour évaluer si la combinaison de la fixation et de la chaussure donne une position de base correcte et proche de ce qui convient par rapport au type de ski pratiqué et à ses préférences personnelles.

Il y a un angle moyen, qui convient à beaucoup de monde, qui se situe autour de 13°. Certains préféreront un peu plus et d’autres un peu moins. Pour un ski engagé et pour des skieurs légers (moins lourds et moins musclés), il vaut mieux avoir un peu plus d’angle, afin d’avoir un appui plus puissant sur la spatule.

On remarquera aussi que la marque posée par le fabriquant sur le ski pour indiquer le centre de pivotement est approximative. L’inclinaison plus ou moins forte de la jambe déplace légèrement le centre de gravité du skieur un peu en avant ou en arrière de cette marque.

Exemples d’inclinaisons données par la combinaison fixation et chaussure

Le site Le Pays de neige s’intéressant au ski de randonné, nous nous sommes limités à ce type de chaussures et de fixations. Selon la chaussure, un, deux ou trois réglages sont possibles (par exemple 9°, 11°, 13°). Ce réglage est important, car si l’angle de base ne convient pas, on pourra le modifier sans bricolage. Le tableau indique les inclinaisons minimales, maximales et moyennes obtenues par certaines combinaisons entre fixation et chaussure.

Angle delta fixation
Marker Alpinist 0,4°
Angle delta fixation
Fritschi Vipec 1,9 °
Angle delta fixation
Dynafit Radical ST 2,8 °
Angle collier/sabot
de la chaussure
Dynafit Hoji
Scarpa F1 LT
Inclinaison de la jambe faible : 9,4°
Dynafit Hoji
Scarpa F1 LT
11°
Scott divers modèles à
11,5°
Inclinaison de la jambe moyenne : 13,4°
Dynafit Hoji
Scarpa F1 LT 13°
Inclinaison de la jambe moyenne : 14,9°
Dynafit Seven Summit
15°
Scarpa Maestrale RS
Scarpa Maestrale XT
16°
Dynafit Seven Summit
Scarpa Maestrale XT
18°
Scarpa F1 XT
20°
Scarpa F1 XT
22°
Inclinaison de la jambe forte : 24,8°

Combinaison delta et inclinaison collier

Les différences sont importantes et ne peuvent être négligées. Entre 9,4° et 24,8° d’inclinaison ça n’a rien à voir. La position du skieur sera très différente.

Choix et modifications possibles

Quel choix faire ?

Une inclinaison de la jambe par rapport au ski aux alentours de 13° convient à la majorité des skieurs et permet une position de base correcte. Ensuite, le choix d’une plus ou moins grande inclinaison de la jambe dépendra du skieur et de sa pratique.

Pour un skieur léger qui mise sur sa technique, un angle de 14° à 15° est préférable. Certains préfèrent skier avec une position assez droite et, dans ce cas, 11° à 12° conviendront. Pour un ski incisif, certains choisissent jusqu’à 24°.

L’important c’est d’être à l’aise et de bien maîtriser ses skis.

Les modifications

Certaines chaussures ont un réglage de l’angle du collier et dans ce cas il est facile d’adapter l’inclinaison de la jambe.

Après coup, si le matériel utilisé ne convient pas, on peut bricoler, mais il vaut mieux démarrer avec le matériel le plus proche possible de ce qui va bien. D’autant qu’il y a souvent des petits ajustements à faire en fonction de l’utilisateur et des utilisations.

Une inclinaison insuffisante peut être augmentée en ajoutant un spoiler derrière le chausson. Pour certaines fixations, il existe des plaques de rehausse prévues par le fabricant, sinon il faut les découper soi-même.